Elle s’appelait Ode

C'était la dernière journée du séjour. On avait choisi ce troisième musée dans notre pérégrination familiale dans la ville du Nord. On avait trainé nos semelles sur les trottoirs et arpenté de nombreuses salles, pas à la recherche de l'art à tout prix, mais pour se mettre à l'abri de la météo de février. Le

Revue Comme en Poésie n°97

Cinq textes, parus dans le n°97 de la revue Comme en Poésie, comme une "Météo intime"... Brûlante journée / plaquée au vent / et à ses poussières nomades // J'écoute les bruits / que seuls les insectes savent  sauver / et je règle ma respiration à leur rythme // Eté étouffant que j'aime pourtant /

Météo intermédiaire

Il est deux heures et demi après la nuit. Un nouveau jour monte, plus clair, plus large. Et ceux qui le suivront le seront, il le faut. Ouf ! le souffle me revient, la respiration s’élargit, poumons au beau fixe, œil acéré, oreille à l’affut ! Et tout à coup, l’air a comme un relent

La mémoire couleur

Il m’arrive souvent de lancer mentalement ce que j’appelle le jeu de la mémoire muette. Passer très rapidement d’un souvenir à un autre, laissant l’esprit, les yeux, les oreilles reconstituer un moment vécu il y a longtemps. Ce jeu est difficile, comment puis-je être sûre en l’espace de quelques secondes de retrouver tout ce qui

La première séance

Imaginons une naissance. Imaginons que le vrai spectacle soit cette naissance. Il faudra tant d'images pour la matérialiser, des couleurs et des gris faufilés de lumière. Imaginons que le bleu soit plus vraisemblable. Il aura un air de ciel pur ou simplement voilé de nimbes légères. Il faudra aussi des sons, des voix, qu'une voix

Encore des mots assemblés…

Il était resté à son bureau pour préparer les débats du lendemain. Il savait qu’il n’avait que cinq voix d’avance : il verrait bien le mois suivant s’il avait gagné son pari. En vrai politicien, il préférait suivre le cours de son époque. Il pensait en effet que les mouvements progressistes se rangeaient originellement devant la

Dialogue

Je dis à Paul : – La terre est bleue d'effroi comme une orange sanguinolente. Il me répond : – Tu vois, l'extérieur fête l'hiver des couleurs. – Oui, à la lisière de l'année, les feuilles déjà ocres lentement se décomposent. – Je crains que la couleur emprisonne la dose de chaleur qui à toi comme à

Exercices « Poésie-fiction »

Quelle nécessité m’avait poussé à monter ces escaliers, à escalader la paroi au risque de me tuer ? Personne ne m’y avait invité, pas même mon meilleur ami. Seul, j’avais dû jouer des épaules, serrer les poings pour éviter les dégâts. Je n’avais plus aucun doute : au bout du parcours, il y avait ce