J’ai aimé lire …
Joseph Delteil (Les poilus – La Fayette – Jeanne d’Arc – Sur le fleuve Amour – Choléra – La Deltheillerie)
Lire et relire Joseph Delteil, c’est un baume, un baptême, une plongée dans le b/a ba de notre vie sur cette terre. L’homme Delteil sait décrire les éléments, les sentiments, le secret ou l’évidence des choses…
« Je suis né d’une femme, on l’oublie toujours. Je suis né dans une forêt, en avril, mois tempétueux, entre une bourrasque et une soleillée ». [Joseph Delteil – La Deltheillerie]
Marguerite Duras – Tout d’abord, ce qui m’a touchée, profondément émue, deux romans autobiographiques : Un barrage contre le Pacifique qui contient déjà L’Amant et Les Impudents, tellement fort, aride et vrai. Ensuite Le Vice-Consul ou Des heures entières dans les arbres bien sûr, Les petits chevaux de Tarquinia et Le marin de Gibraltar où l’on touche la désespérance dans les ravages de l’alcool. Enfin, Dix heures et demie du soir en été, le couple, l’alcool encore. Et son adaptation magnifique en cinéma noir et blanc par Jules Dassin avec Melina Mercouri et Rommy Schneider. Et puis tout le reste, même si je n’ai certainement pas tout lu…
Lettres à un ami – 1886 (Jules Laforgue-Mercure de France)
Dans ces lettres à Gustave Kahn, on se régale des états d’âme, des impressions, des réflexions inattendues et drôles de Jules Laforgue. Il est alors lecteur de l’impératrice Augusta qu’il accompagne dans ses différents lieux de résidence allemands. Auto-dérision aussi quand l’auteur des lettres se moque de sa mauvaise connaissance de la langue allemande.
La confession de Jules Laforgue à un ami
Les couleurs expliquées en images (Michel Pastoureau & Dominique Simonnet – Seuil)
Un beau livre illustré vulgarisant le langage des couleurs, leur symbolique, les secrets de leur fabrication au cours des siècles. Bleu la couleur sage … rouge le pouvoir … blanc, la couleur … vert le mal aimé … jaune l’infamie… Et bien d’autres explications tout en nuances pour comprendre les symboles véhiculés par les couleurs.
Les Uzégeoises de la tour de Constance (Jean-Bernard Vazeille – Lacour/Colporteur)
La guerre des Camisards (André Ducasse – Marabout)
La guerre des Camisards en 40 questions (Jean-Paul Chabrol – Alcide)
Les Camisards (Philippe Joutard – Folio/Histoire)
Récits de tant de vies qui forcent le respect : huguenots persécutés aussi longtemps et que les plus dures punitions n’ont jamais fait faillir et abjurer. C’est une leçon de conviction, de foi, qui résonne de façon d’autant plus aiguë en l’an 2017. Et cette question sur laquelle il m’est difficile de m’attarder, lancinante : qu’aurais-je fait, moi, dans la même situation ?
Pourquoi m’intéresser aux guerres de religion ? Pour la proximité géographique avec ma région, le Gard ; en complément de mes lectures sur le siècle de Louis XIV. La chasse aux huguenots a duré cent ans, du règne de Louis XIV à celui de Louis XVI en passant par la Régence et Louis XV, avec des accalmies plus ou moins longues jusqu’à l’édit de Tolérance en 1787. Moi qui suis née catholique sans le vouloir, je ne peux que réfléchir au sort des protestants pendant cette triste période.
Flannery O’Connor : L’habitude d’être / Correspondance et Mon mal vient de plus loin / Nouvelles – Quarto/Gallimard
Découverte grâce à Lire, Flannery O’connor c’est un regard sur le Sud des Etats Unis, sur la religion, sur le racisme. J’ai adoré sa correspondance vive et touchante.
Alexandra David-Neel : Voyage d’une parisienne à Lhassa / Edition de poche – Correspondance avec son mari / Volumes-Plon (Edition intégrale 1904-1941)
1868 à 1969 : un siècle et une personnalité extraordinaire.
Ces deux textes donnent deux aperçus de quarante ans de voyage à pied, au début du vingtième siècle dans des régions aussi peu hospitalières que l’Inde, la Chine, le Thibet… La correspondance révèle la relation très libre d’une femme et de son mari, en avance sur leur époque, mais unis par un lien très fort.
Emily Brontë : Poésies (traduction en vers et vers pour vers de Pierre Pascal) / Mercure de France (1943)
Sympathie
Tu devrais ignorer toute désespérance
Lorsqu’en la nuit brille une étoile aux cieux ;
Lorsque le soir épand son humide silence,
Quand le soleil dore l’air matineux.
Là tout chagrin devrait finir – bien que les pleurs
Puissent d’un fleuve imiter les détours :
Les plus chers de nos ans ne sont-ils pas en fleurs
Autour de ton cœur pour toujours ?
Ils pleurent, vous pleurez, il le faut tellement ;
Comme vous gémissez, pleurent les bises,
Et l’hiver éparpille en neige ses tourments
Où l’automne abat les frondaisons grises :
Elles revivent cependant, et de leur sort
Ton destin ne peut être séparé :
Voyage donc, sinon avec l’orgueil au corps,
Du moins, jamais désespérée !
André Gide : Nouvelles pages de journal (1932-1935) / Les Essais – Gallimard
« … Je ne me prétends pas meilleur que vous et veux bien rester convaincu que le cœur vous lèverait comme à moi, n’était l’aveuglement où vous êtes, et que ça vous couperait aussi l’appétit si vous preniez conscience bien nette que, ce qui fait aujourd’hui votre grosse part de gâteau, c’est l’absence de pain pour beaucoup d’autres. Mais, jeunes fils de possesseurs, l’on vous a déplorablement élevés. Vous savourez (j’ai fait de même) votre loisir, sans même vous douter qu’il n’y a pléthore ici, que parce qu’il y a disette là-bas ; vous vous consacrez à l’étude, vous cultivez les arts d’agrément, les jeux d’esprit subtils, les ratiocinations transcendantes, et vous ignorez que votre culture exquise, pour la permettre, d’autres peinent qui n’ont ni le temps ni les moyens de s’instruire ; que vous ne lèveriez pas si haut la tête, si d’autres ne courbaient le front si bas ».