La fée Mélusine se prendrait pour moi, une image coloriée, féconde et légère. Je la suis dans des méandres d’enfance, mais la garder auprès de moi adulte, me gêne, m’oppresse. Une fée pour quoi faire, une gardienne, une mégère … Apprivoise-la disent mes sens, mets-la au pli dit mon cerveau. J’en connais pourtant une gentille image, une légère caresse sur la peau. Même son nom est une chanson : Mélu nous envoie dans la lune, Zine sonne tellement doux. Ne m’appelait-on pas Mélounie… Je suis à moi seule une Mélu-Zine méconnue, endormie même éveillée, maladroite et rigide dès le pied posé à terre. Sauter, rire, danser comme la fée, dans les flûtes de ses syllabes. La respirer, la rendre dans mon souffle clair, lumineux et faire naître la douceur. Instiller le simple goût du jour autour et dedans ceux que j’aime, les forcer à entendre mélu-ziner, les forcer à aimer son air enluminé. Les forcer ? Mais non… On ne force pas l’amour, même celui de Mélusine !