Des mots que je ne saisis pas

Elle revient de loin, des continents muets, des îles usées et des rivières incolores. Elle revient pour un regard à moitié éteint à moitié curieux. Elle revient, mais non, elle me frôle, sombre, lointaine. Dans un creux du sol, de ses doigts pareils aux miens, phalanges lisses et ongles chastes, elle trace des mots que je ne saisis pas. Devant la fenêtre, son visage à même la vitre, son sourire comme un bouquet d’herbes folles. Les yeux mi-clos sous les rais du soir, le soleil, la lune, les étoiles la fatiguent. Elle enfile le matin une chemise blanche pour se garder de l’impureté. J’écoute ses chuchotements, les projette sur le mur de la chambre, le mur d’une chambre absorbant les gris. Les recoins abritent des parasites oubliés, un bruit d’efforts involontaires s’insinue dans les interstices. Le cycle des ombres renaît. Elle vit peut être, tout doucement. Au dehors le paysage est le même, les arbres toujours sur la longue route.

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